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Inspirations poétiques

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En matière littéraire, le domaine public nous donne l’occasion d’apprécier la beauté et le talent d’auteurs et poètes, des plus célèbres aux moins connus. Il offre une multitude de textes, certains issus de recueil de poèmes, d’autres de pures inspirations poétiques. Du grand Baudelaire à l’incontournable Rimbaud, voici une sélection de poésies glanées au cours de nos ballades littéraires. Une façon comme une autre de mettre un peu de soleil dans cette chienne de vie.

Marceline Desbordes-Valmore – Cigale (extrait)

De l’ardente cigale
J’eus le destin,
Sa récolte fugale
Fut mon festin.
Mouillant son seigle à peine
D’un peu de lait,
J’ai glané graine à graine
Mon chapelet.

J’ai chanté comme j’aime
Rire et douleurs ;
L’oiseau des bois lui-même
Chante des pleurs ;
Et la sonore flamme,
Symbole errant,
Prouve bien que toute âme
Brûle en pleurant.

Dranem – Romance subjective (extrait)

J’eus jadis une folle maîtresse très forte sur les subjonctifs.
Comme le sort voulût que nos amours se brisassent,
Il fallait que je composasse cette romance
Pour que mes larmes se séchassent et que mes sanglots s’étouffassent.
Avant que je ne commençasse,
Je demanderais que vous écoutassiez cette complainte
Qui est la plus triste de toutes celles que vous ouîtes.

Robert Desnos – Le pélican

Le capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans,
Capture un jour un pélican
Dans une île d’Extrême-Orient.

Le pélican de Jonathan,
Au matin, pond un œuf tout blanc
Et il sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.

Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un œuf tout blanc
D’où sort, inévitablement,
Un autre qui en fait autant,


Cela peut durer pendant très longtemps
Si l’on ne fait pas d’omelette avant.

Paul-Jean Toulet – Le tremble est blanc

Le temps irrévocable a fui. L’heure s’achève.
Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve,
Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,
Tes yeux plus clairs.

À travers le passé ma mémoire t’embrasse.
Te voici. Tu descends en courant la terrasse
Odorante, et tes faibles pas s’embarrassent
Parmi les fleurs.

Par un après-midi de l’automne, au mirage
De ce tremble inconstant que varient les nuages,
Ah ! Verrai-je encore se farder ton visage
D’ombre et de soleil ?

Paul Eluard – L’Amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils,
Me font rire, pleure et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

Charles Baudelaire – L’avertisseur

Tout homme digne de ce nom
A dans le cœur un Serpent jaune,
Installé comme sur un trône,
Qui, s’il dit : « Je veux ! » répond : « Non ! »

Plonge tes yeux dans les yeux fixes
Des Satyresses ou des Nyxes,
La Dent dit : « Pense à ton devoir ! »

Fais des enfants, plante des arbres,
Polis des vers, sculpte des marbres,
La Dent dit : « Vivra-tu ce soir ? »

Quoi qu’il ébauche ou qu’il espère,
L’homme ne vit pas un moment
Sans subir l’avertissement
De l’insupportable Vipère.

Clément Marot- Dizain de neige

Anne, par jeu, me jeta de la neige,
Que je cuisais froide certainement ;
Mais c’était feu ; l’expérience en ai-je,
Car embrasé je fus soudainement.
Puisque le feu loge secrètement.
Dedans la neige, où trouverai-je place
Pour n’ardre point ? Anne ta seule grâce
Éteindre peut le feu que je sens bien,
Non point par eau, par neige, ni par la glacec,
Mais par sentir un feu pareil au mien.

Arthur Rimbaud – Sensation

Par les soirs bleus d’été, j’irai dais les sentiers,
Picotés par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, je sentirai la fraicheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserais rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, – Heureux comme avec une femme.

Paul Valery – Les Pas

Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu’ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !… Tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l’apaiser,
À l’habitant de mes pensées
La nourriture d’un baiser,

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d’être et de n’être pas,
Car j’ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n’était que vos pas.

Charles-Marie Leconte de Lisle

Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,
Plus vieux, plus décrépits que la terre inféconde,
Châtrés dès le berceau par siècle assassin
De toute passion vigoureuse et profonde.

Votre cervelle est vide autant que votre sein,
Et vous avez souillé ce misérable monde
D’un sang si corrompu, d’un souffle si malsain,
Que la mort germe seule en cette boue immonde.

Hommes, tueurs de Dieux, les temps ne sont pas loin
Où, sur un grand tas d’or vautrés dans quelque coin,
Ayant rongé le sol nourricier jusqu’à aux roches,

Ne sachant faire rien ni des jours ni des nuits,
Noyés dans néant des suprêmes ennuis,
Vous mourrez bêtement en emplissant vos poche
s.

Inspirations poétiques

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