L’écrivain russe Fiodor Dostoïevski a marqué la littérature du XIXe et des siècles suivants par ses thèmes autant que son style. Dans toutes ses œuvres, en dehors de Crimes et Châtiments, Le joueur est sans doute un des ses romans les plus connus. Cela est sûrement dû à la complexité de la personnalité du narrateur de cette courte fiction sortie en 1866. Dans ce récit, Dostoïevski crée le célèbre personnage d’Alexeï Ivanovich, narrateur tourmenté et unique dans le monde littéraire, inspiré en partie de la vie de l’auteur. Pourquoi Le joueur figure-t-il aujourd’hui encore comme un chef d’œuvre littéraire du XIXe siècle, à lire ou à relire ?
Court résumé du roman
L’histoire se passe en Roulettenbourg, une ville d’eau allemande paisible, inventée par l’auteur et dont le casino attire de nombreux touristes. Le narrateur est Alexeï Ivanovich, le précepteur de Paulina Alexandrova et des jeunes enfants du Général. Ce dernier est veuf et ambitionne d’épouser Mademoiselle Blanche, une demi-mondaine française, habituée au luxe. Dans le but d’arriver à ses fins, le Général compte sur son héritage venant de sa richissime tante Baboulinka. De son côté, Alexeï tombe éperdument amoureux de Paulina. Cette dernière, quant à elle, n’a d’yeux que pour le marquis des Grieux. De même, Mr Astleyn, un riche anglais, succombe lui aussi sous le charme de la jeune Paulina.
Sous ses airs de roman à l’eau de rose, le livre de Dostoïevski sera loin de se résumer à des chassés croisés amoureux. Comme son titre l’indique, Le joueur se focalise surtout sur le monde du jeu. Il expose l’évolution des personnages autour de la nature addictive de cette pratique et révèle comment Alexeï est tombé dans cet engrenage pour conquérir sa belle.
Une œuvre marquante autobiographique
Pressé par son éditeur, Dostoïevski écrit Le joueur en 27 jours seulement. Bien que ce roman de 17 chapitres ait été dicté dans la précipitation, il a su poser une certaine empreinte dans le monde de la littérature. En effet, il s’impose comme un récit autobiographique où l’auteur expose ses anciens démons liés au jeu et ses rapports à la gent féminine. Dans cette optique, le narrateur suscitera le questionnement de grands penseurs comme Freud. Qu’est-ce qui fait qu’Alexeï peut aimer jusqu’à l’humiliation une femme pour laquelle il est prêt à plonger dans le cancer du jeu et ses malheurs ?
Dans Le joueur, l’auteur incorpore également ses pensées politiques. Il y passe au vitriol certaines habitudes culturelles européennes qu’au fond, il détestait. Pareillement, il montre à travers ce court récit des portraits pas très flatteurs des sociétés et modes de vie allemands et français.